Pensée pour Martine , Gina , Jane

Tu es si grande, tu es si belle
Ma voisine d'à côté
Tu es si grande, tu es si belle
Ma voisine de palier

Comme tous les matins
Tu vas au turbin
Sans masque, sans blouse
Noyée dans le blues
Sans masque, sans charlotte
Tu hésites, grelottes
Pas de froid mais de peur
Car pour toi sonne l'heure
Au milieu des gémissements, des cris
De relever, si tu peux, le défi
Désarmée, désemparée, sans envie
Si ce n'est celle de sauver des vies

Ton patron t'a dit d'aller au charbon
Ton président, lui, d'aller au front
De faire de ta personne un don
A la Patrie, la France, la Nation
Pas le temps de te poser des questions

Le seul masque que tu portes
Est celui de demi-morte
Des cernes crèvent ton visage
Que la fatigue ravage
Des rides crevassent ta peau
Des douleurs entaillent ton dos
Tes épaules s'affaissent
Sous le poids du fardeau
Ton corps ploie et se blesse
Comme atteint par la faux
La fièvre s'empare de tout ton être

Le virus a gagné
Et t'a contaminée
Tu essaies de lutter
Trop faible pour résister
.................
t'aurais pu vieillir
...............
On te rendra vite hommage
Avant de tourner la page
Et chiffrer le carnage
Un chiffre n'a pas de nom, de famille
Il permet de rentrer dans une grille
Des dommages prétendus inévitables
Qu'on jugera probablement acceptables.

Tu étais grande, tu étais belle
Ma voisine d'à côté
Tu étais grande, tu étais belle
.....................................
J'te verrai plus sur le palier.

Pensée pour Martine 52 ans, Gina 61 ans, Jane 47 ans............

Bubule 1er Avril 2020.

Marie-Elisabeth, résidante confinée

En face de chez moi, la façade d'un EHPAD.
Avant, on disait “ maison de retraite ”. J'aime bien les mots “maison” et “retraite” !
Les acronymes remplacent les mots. Bientôt les codes remplaceront les acronymes !
Plutôt des codes de couleurs pour les gens en difficulté de lecture.
Jaune pour la poste (c'est déjà fait).
Vert pour l'hôpital (couleur de l'espoir).
Rouge pour le cimetière (? ).
Il y aura intérêt à ne pas être daltonien.
Bref, la façade de l'EHPAD se dresse toujours là, devant chez moi, pour me rappeler constamment que je n'aurai qu'à traverser la route quand je serai devenu Personne Agée Dépendante digne d'aller en Etablissement d'Hébergement, pardon, PAD en EH !
Je n'hébergerai plus, je serai hébergé, ouah ! Pour la modique somme de .......
Derrière la baie vitrée de la façade, on ne voit pratiquement jamais personne. Les résidants doivent être confinés dans leur chambre. Un confinement anticipé en quelque sorte.
J'en connais un, ou plutôt une, (connaître est un bien grand mot.), que je voyais avant le confinement. Enfin le nôtre ; les résidants, quant à eux, en avaient déjà un avant-goût.
Elle apparaissait sur le pas de la porte, par jour de beau temps et ne s'aventurait jamais au-delà. Trop risqué !
Elle se prénomme Marie-Elisabeth (ses parents devaient peut-être vénérer la reine d'Angleterre !). Peut-être elle-même est-elle devenue reine de la maison de retraite ?
Il y a bien des gens qui prénomment leur fille Mégane. Un hommage à Renault qu'il faudra rendre toute sa vie !
Marie-Elisabeth, donc, tous les matins, me dit bonjour et tient absolument à me parler du temps qu'il fait. Jamais je n'ai osé anticiper sur ce sujet qui lui est réservé. Je n'en ai pas non plus l'intention d'ailleurs. C'est son domaine, à Marie-Elisabeth, son sujet de prédilection. C'est elle qui donne les informations ; pas moi, je n'ai aucun droit de l'en priver !
Je m'autorise juste quelques nuances.

M.E. " Il fait froid aujourd'hui"
Moi "Bah, il y a quand même 15 degrés"
M.E. " Oui, mais quand même, hier, y avait 20"
Moi "On est au mois de Février, Marie" (Je l'appelle Marie, c'est plus court.)
M.E. (qui n'en démord pas) " Aujourd'hui, y fait quand même froid"
Moi "C'est vrai, Marie, vous avez raison".
Je l'appelle Marie et je la vouvoie; ça me fait drôle.

Ma tartufferie permet à Marie de sortir victorieuse en remportant le dernier set.
Ma victoire, à moi, c'est de lui avoir arraché un sourire qui illumine, ne serait-ce qu'un instant, son visage avant que je ne la quitte.
"A demain, Marie !" .
Mais il n'y aura pas de lendemain ni de nouvelle rencontre. Le confinement a été instauré.
Un matin, cloîtré chez moi, j'entends le klaxon d'une voiture garée sur le trottoir qui brise le silence qui s'est établi comme une chape de plomb sur la ville. Le conducteur insiste en émettant des sons plus ou moins prolongés. On dirait un message en morse qui semble durer une éternité. Je comprends la situation quand je vois apparaître, derrière la baie vitrée du hall d'entrée, les cheveux cendrés, le visage parcheminé et la robe de chambre mal ajustée de Marie-Elisabeth.

C'est dur et c'est long, le trajet de la chambre au hall d'accueil quand on est une personne âgée !

L'homme, que je reconnais comme étant son fils, sort de la voiture, lui fait signe et lui montre un filet à provisions.
Marie lève péniblement la main droite qu'elle agite maladroitement.
Le coude de son bras droit est soutenu par sa main gauche.

C'est dur et c'est pénible de lever le bras quand on est une personne âgée !

Le visage de Marie s'éclaire, comme quand elle me donnait des nouvelles du temps, mais davantage, à la vue de son fils.
Ses lèvres remuent derrière la vitre, mais il est improbable que son fils comprenne quoi que ce soit. Aux lèvres desséchées qui bougent répondent des signes et des gestes qui se veulent éloquents. Une communication de sourds-muets tente de s'instaurer, mais les sourds-muets connaissent le langage des signes et parviennent parfois à lire sur les lèvres ; pas Marie et son fils !

C'est dur et c'est pas évident de communiquer quand on n'a que les gestes pour une personne âgée !

Au bout d'un certain temps, le fils dépose le filet à provisions devant la porte d'entrée. La voiture s'éloigne, mais Marie reste quelques instants derrière la vitre comme si elle voulait faire durer ce court instant magique, de bonheur éphémère.
Je reste moi aussi un peu derrière ma fenêtre à la regarder. Elle m'aperçoit et me fait un petit signe.
Dans quelques jours, elle réapparaîtra derrière la vitre au son du klaxon ; vitre qui la séparera de nouveau de son fils comme la vitre du parloir qui sépare le détenu du visiteur.
Elle ne peut plus lui parler de vive voix.
Elle ne peut plus me parler du temps qu'il fait. Je ne sais pas quand je pourrai de nouveau écouter sa voix un peu chevrotante qui me dira s'il fait beau ou pas !

C'est dur et c'est pas rassurant d'être encore plus confinée que confinée quand on est une personne âgée !

Bubule , 2 avril 2020

AVIONS !

J’entendais ce matin une réflexion qui me taraudait depuis un moment.

Le Coronavirus ne sauverait il pas plus de vies que le nombre de victimes qu’il va directement occasionner ?

Le calcul, même si ca semble cynique, reste à faire. Mais le développement de cette réflexion semble intéressant.

En effet, 50 000 morts annuels liés à la pollution de l’air en France dont bon nombre vont être évités cette année vu la chute drastique des polluants dans l’air (du jamais vu !). Il y a aussi une chute de 80% des accidentés de la route qui fait que la MAIF, mon assureur, vient de m’envoyer un mail pour annoncer le reversement de un million d’euros de trop perçus suite à la réduction des sinistres. Et il y a encore probablement beaucoup d’autres exemples en ce sens.

Je ne veux pas faire une démonstration trop manichéenne, je ne veux pas non plus atténuer la gravité de la situation que nous vivons. Mais, avec du recul, une dose d’objectivité et de réalisme, on peut utiliser notre intelligence pour essayer de comprendre ce qui nous arrive, surtout que nous avons le temps propice à cela.

Pour revenir aux quelques exemples mentionnés ci-dessus, il faut aussi évoquer le cas de l’aviation : 95% des avions sont aujourd’hui coulés au sol. Scénario digne de la science fiction! Souvent, quand je dis que je n’ai jamais pris l’avion, je passe pour un illuminé, un radical, ou au mieux on me regarde avec étonnement ou condescendance, interpelé par cet état de fait sans le comprendre, et je me retrouve bien démuni à lutter à défendre laborieusement mon choix contre une pensée dominante, celle qui rend tout naturel de jouir sans entrave du développement technologique qui s’offre à nous. Oui, le brassage des populations, la découverte du monde, je suis pour. Ca ouvre sur l’extérieur, ca éveille la curiosité, ca favorise la tolérance…Mais il y a un MAIS… Pour ma part j’ai toujours apprécié de voyager avec mes chaussures ou mon vélo, ma petite tente, me faire accueillir spontanément par des gens au bord de ma route épris d’un mouvement humaniste et généreux, m’offrant un coup à boire par un temps de forte chaleur, m’invitant tout simplement à un gouter, pour un repas, ou passer la nuit au chaud. C’est ce type de voyage que je défends, celui de la lenteur, où il m’a fallu 6 semaines pour aller à pied du Mayet de Montage à la Méditerranée à pied et 4h pour remonter en blablacar. Quel choc se fut pour moi, moi qui pensait être allé si loin par monts et vaux et n’être finalement qu’à une encablure technologique de mon point de départ. Certes la lenteur limite les possibilités de déplacement rapide, mais avec un peu de temps disponible tout est possible. Je pense au « Sun Trip » où régulièrement des gens partent de Lyon pour aller en chine à vélo, à notre Roannaise Aurélia Brivet qui a fait un aller retour en Islande avec le vélo de sa grand mère, à ce couple de hollandais (que je pensais en retraite mais pourtant encore en activité professionnelle - la culture hollandaise de prise de congés est différente de la notre), rencontrés dans le Forez et qui faisaient un aller et retour Amsterdam-Barcelone à vélo, et je vous passe toutes ces histoires d’aventures dont je pourrais vous parler, la vraie, la téméraire, l’humaine, l’écologique, celle qui vaille à mon sens pour un monde plus heureux et soutenable, enrichi humainement et respectueux de l’environnement. J’adore cette phrase des décroissants que j’affiche aussi en manif : « moins de biens, plus de liens ». Notre décroissance matérielle doit s’accompagner d’une croissance des rapports humains pour compenser. Le bonheur va devoir se trouver dans les discutions entres amis, la parole, les poèmes, les bons repas, la musique, le théâtre, le rire …. Il faut croitre dans tous ces domaines pour accepter le renoncement de l’achat d’une nouvelle voiture qui ne nous rendra finalement pas vraiment plus heureux malgré les injonctions contraires des publicitaires qui les vendent en sur-abusant de « notre temps de cerveau humain disponible » vendu aux annonceurs comme le disait Jacques Ségala sur un plateau de télé.

Et quid des handicapés et des personnes âgées physiquement réduites et incapables de prendre un vélo ? C’est vrai que dans ces cas là, l’assistance de la technique devient appréciable : la voiture, le volet roulant électrique … mais après tout, après avoir vécu, ne faut il pas se résigner un peu, à passer le flambeau de la vie aux jeunes générations ? Peut on encore vouloir gravir le mont blanc si le corps n’en est plus capable ? Les lois de la nature doivent se respecter. C’est ce qui m’a toujours choqué dans la réglementation handicapée que je fais appliquer dans les bâtiments dans le cadre de mon métier. Cette belle valeur de l’égalité des chances que nous loue le gouvernement ! C’est pour ca que l’on met des ascenseurs dans les immeubles : un handicapé en fauteuil doit pouvoir jouir de la belle vue sur le paysage offerte dans le logement du dernier étage comme les valides. Eh ben moi, quand je serai vieux, je descendrai au rez de chaussée, simple bon sens. Pour finir l’anecdote, cette réglementation handicapée est tellement géniale que avant, en cas d’incendie, on aidait à évacuer les personnes handicapées. Maintenant le règlement dit qu’elles doivent se démerder (« Loi d’égalité des chances », c’est comme ca que la loi s’appelle pour de vrai !), et on construit donc des locaux coupe feu une heure pour qu’elles aillent s’y enfermer en toute autonomie … en espérant que l’incendie ne dure pas plus d’une heure !

Je me souviens, il y a un an, lors d’une marche pour le climat, j’arborais la pancarte « A mort l’avion », affiche assez percutante accompagnée d’un dessin que j’avais pompé sur la très belle une du journal « la décroissance ». D’ailleurs à ce propos, j’ai cru entendre ce matin que Nicolas Hulot se croyait dans un rêve éveillé mais qui est une réalité : 95% des avions sont cloués au sol.
La situation que nous vivons est une fenêtre de tir face au défit environnemental et climatique. Ce petit coronavirus affole les foules, mais je peux vous dire que le changement climatique c’est une autre affaire. Quelqu’un a-t-il déjà retracé un trait des nouvelles lignes de cotes françaises si la mer monte de 6m ? (ce qui se pace si la calotte glacière en instabilité se détache). Sans l’avoir fait, je pense qu’un certains nombres de métropoles côtières françaises vont se retrouver sous les eaux, et qu’un certain nombre d’industries chimiques et nucléaires vont péter.

Alors je pose cette question frontalement : est-il souhaitable de remettre tous les avions en l’air après la crise du coronavirus? Ne pourrait-on pas prévoir une grande campagne de démantèlement et de recyclage de nos avions ?

D’ailleurs, soit dit en passant l’avion tue à double titre. Certes il y a la pollution et la destruction des écosystèmes évoquée ci avant, mais l’aviation est responsable du développement mondial de la pandémie par sa diffusion hyper efficace, avec l’apparition du virus quasi simultanée, à quelques semaines d’intervalle, en Asie, Europe, Amérique et Afrique, c’est du jamais vu ! Jamais une pandémie n’aura été aussi rapide et fulgurante dans sa diffusion mondiale. Bien sur à cause de l’hyper mobilité de notre de monde et notamment à cause de l’avion qui en moins de 24h peut faire le tour de la planète (mais au deuxième rang on peut ajouter les TGV, les autoroutes… et la polémique que cela a créé en province quand en quelques heures ils ont vu arriver un million de parisiens expatriés). N’oublions pas, le virus ne peut pas voyager, ce sont ses hôtes qui voyagent et le colportent. Et 10 Millions de passager aériens journaliers dans le monde ca commence à causer ! Il ne faut pas beaucoup de cas de malades pour diffuser le mal partout et rapidement laissant le monde en soudainement sidération… Les médias parlent à juste titre de « Tsunami ».

Ca me fait aussi penser à un collègue qui revenait de voyage à l’étranger avec le comité d’entreprise, bracelet encore au poignet qui donnait accès l’apéro à volonté dans son hôtel de luxe. Un jour ce collègue picard (je bossais à Soissons) à deux ans de la retraite va emménager sa fille pour son premier emploi à Riom Es Montagne dans le Cantal. Il revient le lundi émerveillé et plein de louanges sur la beauté de ce territoire de France. Il a visité toute la planète, mais avait oublié de découvrir le Cantal…

Moi-même, j’habitais un petit village de 55 maisons, à Fresnes sous Coucy, dans l’Aisne, en Picardie. Je vous l’avoue, la région a été gravement abimée par la main de l’homme, le remembrement des parcelles agricoles et les guerres successives qui ont détruit 98% des communes. Mais, comme toute région qui cache ses trésors, je m’amusais souvent à rappeler aux gens que le château de Coucy à quelques kilomètres était le 3ème site touristique de France après la tour Eiffel et le Mont saint Michel il y a 100 ans, plus grand château fort de toute l’Europe médiévale ! Qui connait Coucy ? Personne. Sans parler de la splendide abbaye de Prémontré toute proche également. A quelques encablures également de mon village, les vestiges des prestigieuses verreries des glaces de Saint Gobain (village mitoyen) qui ont fait Versailles et son palais des glaces, la majestueuse cathédrale de Laon à 5 tours, ancienne ville Royale, ou encore le familistère Godin de Guise, seul exemple mondial de phalanstère réussi ! Une pépite méconnue ! Et je pourrais allonger ma liste...

Alors oui, même dans le département de l’Aisne 02 ( du Norrrd comme disait Galabru en écrasant le mot) que personne ne connait, il y a aussi des choses à découvrir sans aller à l’autre bout de la planète dans un simple plaisir jouissif et égoïste qui rendra impossible la survie de nos descendances.

Attention, je ne veux culpabiliser absolument personne ! Moi le premier je contribue à ce système, en faisant des trajets en voiture à tout va, pour aller notamment contrôler l’extension de l’usine de chars Leclerc et l’aéroport de Roanne (mais j’ai du annuler mon rendez vous avec Roanne Agglo la veille du confinement).

Tout ca pour dire, qu’après la crise sanitaire en cours, qu’il ne faudra pas espérer le retour du monde d’avant qui nous semblait si confortable. Ce monde n’est pas viable ni pérenne, pas plus sur le moyen terme que le court terme.

Chacun d’entre vous sais que je construit un gite tendant vers l’autonomie énergétique et la sobriété, un bâtiment passif pour accueillir les cyclovoyageurs. Un jour, une connaissance du Brionnais (un fermier écolo) me demandait pourquoi avoir fait ce choix. Je lui ai répondu que c’était pour préparer le monde de demain, quand les gens se déplaceront en vélo parce que les avions ne voleront plus. Il a apprécié et compris ma réponse. Mais c’est une espèce rare, car les copains de Roanne avec qui j’ai fait les marches pour le climat, ont été qualifiés publiquement par voie de presse à plusieurs reprises par les institutions en place (mairie de Roanne et Roanne Agglo), « d’illuminés », « d’extrémistes gauchistes radicalisés » et j’en passe. Les copains (dont je connais la grande qualité humaine et intellectuelle) se sont présentés aux municipales dans une union de partis de gauche progressiste, sans succès. Le maire en place, qui soutient le monde d’hier pourtant périmé, productiviste à tout va, et ne se souciant guère d’environnement ni de transition a été largement réélu. Ne serait ce pas lui le radical à persister dans une voie mortifère? Alors, non, la bataille pour la transition, pour ne pas dire révolution sociétale, n’est pas gagnée, mais le temps fort que nous vivons est une opportunité pour que rien ne redevienne comme avant. Mais saurons nous braver nos peurs de l’inconnu ?

Merci de m’avoir lu.

Serge BULTEZ - serbultez@aol.com - 06 41 99 54 82